Interview d'Eric Jeanneau - Administrateur du Groupe VYV

Le 27 novembre 2023 par

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En tant que 1er acteur mutualiste de santé et de protection sociale en France, quelle est l'action concrète du Groupe VYV en faveur de ses collaborateurs seniors ?

En tant qu’employeur, le groupe VYV et ses mutuelles apportent une attention particulière à cette question. Sur les 46 000 salariés dans le groupe, 21% ont plus de 55 ans, significativement plus que dans l’ensemble des entreprises françaises (16,5%). Nos collaborateurs sont attachés aux missions mutualistes qui donnent du sens à leur travail et partent en moyenne à la retraite avec 26 ans d’ancienneté.

Avec l’ambition stratégique d’être un employeur de référence, nous avons mis en place des moyens très concrets pour permettre à chacun de développer ses compétences jusqu’à la fin de sa carrière : formation à tous les âges, outil de réflexion sur projet personnel, mobilité interne encouragée, mécénat de compétence, etc.

Nous portons également une attention particulière à la santé de nos collaborateurs, à la prévention et à l’accompagnement des salariés aidants car nos activités nous montrent qu'il s’agit de points clés pour s’accomplir dans son travail, surtout après 50 ans.


Avez-vous cette même approche dans le cadre de vos contrats santé et de prévoyance ?

En tant qu’assureur santé et prévoyance, nous constatons tous les jours le lien de causalité réciproque entre maintien au travail et santé.

Une santé dégradée augmente le risque d’arrêt, c’est particulièrement vrai après 55 ans. Mais les conditions de travail ont également un impact sur la santé. Pour ne prendre qu’un exemple, nous venons de mener une étude auprès des personnes qui ont été confrontées à un arrêt supérieur à 3 mois : dans les 2/3 des cas le contexte professionnel a contribué, au moins en partie, à cet arrêt long.

Pour réduire ces risques, il faut absolument considérer le lieu de travail comme un territoire de prévention. Nous proposons aux employeurs de les accompagner dans la mise en place de programme de prévention des risques professionnels mais également dans des actions de prévention de santé publique. L’activité physique par exemple a un impact démontré sur le bien-être et permet d’éviter de développer des maladies chroniques. Or la sédentarité existe aussi au travail ! Les entreprises ont tout à gagner à se saisir de cette problématique. Lorsque nous couvrons les personnes en prévoyance, nous proposons également des dispositifs de soutien et d’aide au retour au travail..


Vous portez également fortement l’idée d’une généralisation de la couverture prévoyance ?

La couverture prévoyance dans notre pays reste très incomplète et très inégale. Nous avons montré que le coût de cette “imprévoyance” pouvait être estimée à 15 milliards d’euros !

Derrière ce chiffre, il y a des personnes qui, lorsqu’elles sont confrontées à un arrêt de travail, sont tout à coup plongées dans des situations inextricables, avec des pertes de revenus qui les pousse même parfois à renoncer à certaines dépenses de santé.

Les ouvriers et les employés du commerce font partie des populations qui sont les plus en risque de se trouver en incapacité de travail suite à un accident ou une maladie.

Ce sont également ces populations qui ont le plus de difficulté à poursuivre leur activité jusqu’à la retraite. Et paradoxalement, ce sont eux qui sont le moins bien couvert en prévoyance... Il serait temps de faire le lien !

Généraliser un socle de couverture prévoyance pour tous permettrait d’éviter qu’un aléa se transforme en cercle vicieux, surtout pour les plus fragiles. Cette couverture socle pourrait être complétée dans le cadre des négociations professionnelles de façon à l’adapter aux spécificités de chaque secteur d’activité et à inclure des actions de prévention.

C’est une condition indispensable pour développer le taux d’activité des séniors et un impératif pour notre protection sociale.