Mesure de l'espérance de vie et inégalités d'espérance de vie en bonne santé

Le 21 février 2022 par Mathieu Noguès, Hira Rakotomahanina et Yannis El Abbouni

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Cette note a un double objectif, celui de mettre en avant l’évolution de l’espérance de vie et ses difficultés de prévision, mais également de montrer les inégalités d’évolution de l’espérance de vie générale et en bonne santé selon le revenu, le genre, les PCS et les zones géographiques.

L’évolution de l’espérance de vie constitue un enjeu majeur tant pour les modèles économiques académiques que pour les sociétés d’assurance et de prévoyance dont les activités sont basées sur son estimation. L’analyse de son évolution et de sa valeur est donc d’un grand intérêt, c’est pourquoi dans cette note, nous étudions l’évolution des tables homologuées de l’espérance de vie réalisées par l’administration française, et nous les comparons aux données datant de 2006 (TG05). Le principal résultat est le suivant : les tables de mortalité prospectives TG05 ont tendance à surestimer l’espérance de vie et à sous-estimer la mortalité par rapport à ce qui est réellement observé dans les tables d’expériences de l’Insee.

Par ailleurs, les inégalités d’espérance de vie générale et en bonne santé soulèvent des enjeux non seulement au regard de la redistributivité des systèmes de retraites, mais également de la santé des seniors. Le principal résultat est tel que l’espérance de vie en bonne santé à 65 ans augmente plus vite que l’espérance de vie à 65 ans. Néanmoins, l’espérance de vie générale à la naissance augmente plus vite que l’espérance de vie en bonne santé à la naissance.

En termes d’inégalités, les cadres, hommes ou femmes, ont une espérance de vie en bonne santé supérieure de 5-6 ans à celle des ouvriers. De plus, un indicateur de l’espérance de vie en bonne santé à la retraite a été conçu dans cette note afin de comparer l’espérance de vie des individus selon leur PCS. Les ouvriers retraités passent environ 45% de leur retraite en bonne santé contre 60 % pour les cadres retraités. En somme, en plus de vivre moins longtemps et en moins bonne santé, les ouvriers ont une durée de retraite en bonne santé plus faible. 

Les dimensions des inégalités d’espérance de vie sont donc multiples : intra PCS, les PCS+ ont une espérance de vie en bonne santé plus proche de leur espérance de vie générale ; inter PCS, les PCS+ ont une espérance de vie en bonne santé plus élevée que les PCS les plus défavorisées. Les inégalités se manifestent également sur le revenu. Les 5% des hommes les plus aisés vivent 13 ans de plus que les 5% des hommes au revenu les plus modestes, en considérant l’espérance de vie à la naissance. De même, les 5% des femmes aux revenus les plus élevés vivent 8 ans de plus que les 5% aux revenus les plus modestes.

Enfin, bien que les femmes vivent plus longtemps que les hommes en bonne santé, les hommes ont une espérance de durée de retraite moyenne en bonne santé qui s’élève à 60,9% contre 49,8% pour les femmes.

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